
introduction
Depuis l'expansion des usages personnels du web, ses spécificités sémiotiques ont évolué d'une certaine forme d'hétérogénéité amateure vers un dispositif visuel et architectural toujours plus homogène1, façonné par une abstraction de son médium2 et ses outils.
Par l'étude de certaines complexités techniques, matérielles, politiques et graphiques, il semble pertinant de questionner l'évolution et l'agentivité des pratiques amateures au sein des multiples pratiques et usages du web contemporain3.
Communément, le terme web réfère au World Wide Web, système nommé par Tim Berners-Lee et Robert Cailliau, le World Wide Web se base sur un système hypertexte4. L'hypertexte propre au web permet ainsi de lier le réseau des contenus par des hyperliens. Ces contenus existent sous la forme de pages écrites en HTML, éventuellement stylisées en CSS. Ces mêmes contenus sont rendus accessibles depuis les différents serveurs par l'intermédiaire d'un navigateur. Celui-ci lit les pages web et les télécharge via le protocole de communication HTTP (HyperText Transfer Protocol).5
Le HTML (HyperText Markup Language) est un langage propre au web ; il structure les pages par un système de balisage. Ce langage, volontairement simple dans sa syntaxe et uniquement basé sur le texte, permet un partage techniquement accessible et rapide de contenus sur le web.6 CSS (Cascading Style Sheets) est un langage qui permet de décrire la présentation des pages écrites en HTML.7
Les différents langages et protocoles utilisés dans le web sont réunis sous forme de standards par le W3C (World Wide Web Consortium).8 Fondé en 1994 par Tim Berners-Lee, le W3C a pour vocation de développer « des protocoles et des directives permettant une croissance à long terme du Web »9. Ces standards prennent la forme de recommandations à l'adresse des développeur·es de pages web. Ce sont les fournisseurs de navigateurs qui implémentent ensuite ces standards en veillant à ce que les implémentations ne diffèrent pas considérablement selon le navigateur.
L'architecture du web et son évolution sont régies par un agencement de dispositifs standardisés, développés par une pluralité d'acteur·es – développeur·es, institutions, entreprises – mais aussi par les conformismes et singularités des usages communs. C'est à partir de ces normes et ses standards que sera interrogée la potentielle agentivité de l'écriture du HTML des pages personnelles et amateures prenant part à la construction, par le langage, d'un espace réticulaire et sinueux, aux lignes multiples.
L'objet de cette étude portera sur les agencements arbitraires propres aux index d'hyperliens au sein des personal home pages actuelles. Les hyperliens seront abordés, dans leurs matérialités langagières, comme espaces d'adresse, laissant percevoir un cadre directionnel choisi. C'est en interrogeant les différents facteurs de ces choix que seront étudiés un corpus d'hyperliens collectés et agencés au fil de l'écriture de la recherche.
Pour cela, je constitue une compilation d'index de « liens-fenêtre ». Chacun des index est constitué selon un paramètre spécifique (sensible, visuel, sémantique…) ; ils influencent et produisent les index concomitants. Cette indexation d'index est une façon de mettre en exergue les spécificités abordées lors de cette recherche, et se construisent conjointement à celle-ci.
présentation du plan
- Dennis Knopf interroge déjà l'évolution des expressions individuelles et de la customisation des pages web dans “Defriending the Web”, Digital Folklore, 2009
- L'emploi du terme « médium » se réfère ici aux vecteurs de médiation. Hans Belting, An Anthropology of Images: Pictures, Medium, Body, Princeton University Press, 2011
- Je situe le « web contemporain » entre 2010 et 2023. Pour cela, je tiens
compte des lancements des sites Pinterest et Instagram qui viennent
multiplier l'usage de réseaux sociaux introduit en 2002 par Friendster.com
(racheté par Facebook l'année suivante), et popularisé par Myspace en 2003,
puis Facebook en 2004.
www.pewresearch.org/internet/2014/03/11/world-wide-web-tim eline/#2014
(consulté le 19/1/2023) - Terme inventé par Ted Nelson en 1963 ; il désigne un texte se référent lui-même à d'autres textes par des hyperliens. www.livinginternet.com/w/wi (consulté le 21/1/2023)
- www.livinginternet.com/w/ww_http (consulté le 21/1/2023)
- ibid.
- www.w3.org/standards/webdesign/htmlcss#whatcss (consulté le 21/1/2023)
- www.w3.org/standards (consulté le 21/1/2023)
- www.w3c.fr/a-propos-du-w3c-france/la-mission-du-w3c (consulté le 21/1/2023)